Lettre d'un citoyen ivoirien au Ministre de L'Education Nationale

Dans le contexte de crise sanitaire actuel, le gouvernement a procédé à la fermeture des établissements scolaires depuis le 17 mars 2020. Parallèlement, la ministre Kandia Camara a lancé les cours en ligne. Seulement cette initiative va exclure d'office les élèves des zones rurales. C'est la raison pour laquelle le militant de la société civile Soro Dotèhê Roland membre de la Ligue Panafricain pour l'Eveil des consciences (LIPEC) à adressé une lettre ouverte pour faire des propositions.
"LETTRE OUVERTE À MADAME LA MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE.

Madame la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle,

Pendant que le monde entier fait face à une crise sanitaire inédite dont le taux de propagation est très croissant au jour le jour et qui exige responsabilité, rigueur et stratégies anticipatives, je me permets, en tant que simple citoyen de ce pays, de vous adresser cette lettre ouverte pour porter à votre connaissance la joie qui m'anime face à votre engagement au niveau de l'éducation nationale malgré la crise que connait le pays, mais aussi et surtout vous faire part de certaines suggestions vu que l'éducation d'un pays qui se veut émergente incombe la participation active de tous les citoyens.

En effet, c'est beaucoup d'attention et un intérêt particulier que j'ai suivi votre conférence journalière tenue au cabinet du ministre de la sécurité et de la protection civile le vendredi 3 Avril 2020 au cours de laquelle vous avez lancé un appel à l'endroit des élèves à observer le confinement total en restant à la maison et à appliquer les mesures barrières pour freiner la propagation du covid 19.

Au cours de cette même conférence, vous avez lancé l'initiative «Ma classe à la maison», «Écoles fermées mais cahiers ouverts», une initiative qui permettra aux élèves des classes d'examen (CM2, 3ème et Tle) et des classes intermédiaires de suivre les cours étant à domicile en écoutant la radio (Radio Fréquence 2, Radio Côte d'Ivoire) ou en regardant la télévision (RTI 1, RTI 2) ou encore suivre en ligne en visitant les sites internet (www.ecole-ci.online; www.maformationenligne.cpntic.ci), la plateforme vidéo en ligne (www.eductv.ci), la chaîne YouTube Éduc Tv ou la page facebook EDUC TV.

Je tiens à saluer cette initiative vu l'opportunité qu'elle offre aux élèves à pouvoir suivre les cours gratuitement étant à domicile en n'ignorant surtout pas aussi les frais de scolarité déjà payés ou pas de la part des parents d'élèves.

Cependant l'adoption d'une telle initiative montre qu'il ne s'agirait en aucun cas d'une amélioration du rendement scolaire sinon cette méthode serait adoptée bien avant la crise sanitaire du coronavirus.

Alors nous sommes tous conscients que les cours véhiculés à la radio ou à la TV ne peuvent être appréhendés de la même manière que lorsque les élèves suivent directement les cours en classe surtout le cas des élèves des séries scientifiques.

Mais l'état actuel nous/vous oblige à adopter d'autres stratégies anticipatives pour éviter que l'année soit déclarée par l'UNESCO comme une année blanche.

Et c'est en ce sens que je loue votre courage et votre engagement pour l'initiative.

Madame la ministre,

Au delà de ces louanges, je me pose la question suivante:

Comment les examens de fin d'années se feront-ils après avoir terminé les programmes par radio, télé ou en ligne vu qu'il n'existe pas à l'état actuel un indicateur qui nous permet de savoir de manière succincte la fin de la pandémie?

Madame la ministre,

Cette méthode adoptée serait très efficace si avant adoption nous tenions compte des réalités quotidiennement vécues sur l'étendu du territoire ivoirien.

En effet, en ce qui concerne les sites internet, l'accès à l'internet est très difficile dans certaines localités du pays vu que l'on n'accède quasiment pas au réseau téléphonique permettant d'émettre des appels téléphoniques et naviguer librement sur l'internet.

Je souligne aussi que tous les élèves n'ont pas de téléphones android.

Alors doivent-ils obligatoirement s'en approcurer?

Peut être que c'est l'un des sacrifices que les parents doivent aussi faire en cette période de crise.

Mais n'oublions surtout pas le cas des parents qui ont plusieurs élèves à leur charge et dont leurs activités sont stoppées pour cause de coronavirus.

Pour ce qui est de la radio et de la télévision, le constat est le même; dans certaines zone du pays il y a des problèmes d'antennes qui ne permettent pas aux résidants de ces localités de capter de manière correcte la radio et/ou la télévision d'où des difficultés à pouvoir suivre les cours.

Madame la ministre,

Au regard de toutes ces critiques que je juge constructives et nécessaires, je me permets de faire certaines suggestions sinon des propositions qui vont dans le même cadre.

OPTION 1: Les élèves en classes intermédiaires

Vu que que la situation s'aggrave au jour le jour, nous proposons:

✔ Laisser les élèves en classes intermédiaires aller en vacances en ne considérant que les évaluations des deux semestres déjà faits.

ou bien

✔Continuer les programmes à la radio, TV ou en ligne afin que les 32 semaines et 04 jours de cours de l'année scolaire pour l'enseignement général et les 33 ou 34 semaines de cours pour l'enseignement technique et la formation professionnelle soient respectées.

OPTION 2: Les élèves en classe d'examen (CM2, 3ème, Tle)

✔ Récencer tous les enseignants des lycées et collèges confondus pour terminer les programmes scolaires en ne disposant les élèves que par dizaine ou quinzaine par classe vu la disponibilité des autres salles de classe et des enseignants liée aux conditions de l'option 1 tout en tenant compte des mesures préventives de distanciation et autres.

Ou bien

✔Faire le point de la progression des programmes scolaires établis et programmer les examens dans les mois de MAI et JUIN en ne les interrogeant que sur ce qui a déjà été fait selon la progression.

En résumé, je voudrais que les cours de la radio, de la télévision et ceux en lignes soient uniquement destinés aux élèves en classes intermédiaires, et que l'on dispose les élèves en classe d'examen par dizaine ou quinzaine par classe pour pouvoir terminer le programme avec eux ou abandonner totalement le reste du programme pour ensuite programmer les examens pour les 2 prochains mois.

Madame la ministre,

Face à une telle crise et pour éviter que l'année soit déclarée blanche, toutes les solutions sont à analyser surtout lorsque tout le monde ignore la fin de cette pandémie.

Convaincu de l'intérêt que vous portiez aux questions d'ordre éducatif, je vous prie, madame la ministre, de recevoir l'expression de mes salutions les plus distinguées.

SORO Dotèhè Roland, citoyen engagé."